Des lesbiennes féministes ont pris parti à 100% contre la GPA

Des lesbiennes féministes ont pris parti à 100% contre la GPA, quel que soit le nom qu’on lui donne : commerciale ou « éthique »

Dans les années 2010, la revendication de la GPA(Grossesse pour autrui[1]) s’exprimait de façon brutale. Rappelons-nous que Pierre Bergé, déclarait en 2012 « Louer le ventre des femmes pour faire un enfant ou louer ses bras pour travailler à l’usine, quelle différence ?».[2]

Depuis, la promotion de la GPA s’est polissée. On voudrait nous émouvoir avec l’infertilité et l’impossibilité des hommes gays à porter une grossesse. Mais le droit à l’enfant n’existe pas, « un enfant ne s’échange pas contre un chèque », comme le formule cette jeune femme, née de GPA, qui aujourd’hui en combat la pratique[3].

D’autres détournent les luttes féministes : la GPA se justifierait par le slogan « mon corps mon choix » alors qu’il faut comprendre « mon corps, le choix du client ». Ou bien encore que « GPA comme l’ avortement relèveraient de l’émancipation des femmes » [4] alors que bien au contraire, ce sont l’interdiction de l’avortement et le recours à la GPA qui sont à combattre, car tous deux résultent de l’exploitation des capacités reproductives des femmes.

Les promoteurs de la GPA posent toujours des arguments en faveur des commanditaires, nommés « parents d’intention », comme si la parentalité relevait de l’intellect. Guidés par une compassion narcissique tournée vers leur propreclasse sociale, ils choisissent leur camp mais jamais celui des enfants qui en naissent, ni celui des mères porteuses plus vulnérables socialement et économiquement que les commanditaires. Ils contribuent ainsi à masquer la vraie nature de la GPA aux yeux du grand public. En effet, la GPA est avant tout un marché très lucratif pour ceux et celles qui en vivent : agences de promotion, cliniques, avocats, industrie pharmaceutique, psychologues. Psychologues dont la fonction est d’apprendre aux mères porteuses à se dissocier de leur grossesse pour, pensent-ils, éviter qu’elles ne s’attachent au nouveau-né et préparer la séparation brutale.

Toute grossesse comporte des dangers et, avec la GPA, le niveau des risques et des complications liées à l’accouchement est grandement plus élevé .[5]  Pourquoi mettre ainsi en danger des femmes en bonne santé ?

Pour banaliser la GPA, les défenseurs de cette pratique revendiquent la légalisation d’une GPA non tarifée dite altruiste, solidaire, humaniste…mais l’argent n’y change rien, c’est toujours la mère porteuse, et elle seule, qui prend tous les risques pour elle et sa propre famille.

Exercer une violence sur autrui pour satisfaire ses propres besoins et désirs, mettre sur le marché le ventre des femmes et leurs enfants, la GPA, nouvelle invention néo-libérale où tout s’achète et se vend, y compris des humains, nous conduit vers une société déshumanisée où toute femme sera exploitable pour ses capacités reproductives et tout enfant pourra être acheté, donné ou vendu comme un objet.

Pour nous, rien ne peut justifier le recours à la GPA.

Jocelyne Fildard, Catherine Morin Le Sech, co-présidentes de CQFD Lesbiennes Féministes


[1] Les québécoises préfèrent interpréter l’acronyme GPA en « Grossesse Pour Autrui » et non en « Gestation Pour Autrui », plus déshumanisant Nous retiendrons ici cette option.

[2]  CQFD Lesbiennes féministes déconstruit lhttps://cqfd-lesbiennesfeministes.org/abolition-de-la-gpa/dossiers/la-maternite-de-substitution-gpa-un-etat-des-lieux/

[3]Interview vidéo en anglais https://www.youtube.com/watch?v=JUobcr4yERw

[4] Jean Michel Apathie « L’homophobie en campagne » https://www.tf1.fr/tmc/quotidien-avec-yann-barthes/videos/leditorial-de-jean-michel-aphatie-lhomophobie-en-campagne-91510979.html 

[5] Le taux de mortalité en couche selon l’OMShttps://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/maternal-mortality.

Une étude qui montre que « une femme était plus susceptible d’avoir une grossesse à haut risque lors d’une grossesse de GPA que lors d’une grossesse naturelle, indépendamment de son âge ou de son poids (OR 11,4, 3,5-36,6 ; p<. 0001) ». https://scholar.google.fr/scholar?q=%C2%AB+A+Comparison+of+American+Women%E2%80%99s+Experiences+with+Both+Gestational+Surrogate+Pregnancies+and+Spontaneous+Pregnancies+%C2%BB,&hl=fr&as_sdt=0&as_vis=1&oi=scholart